Interview d’Hiro Mashima l’auteur de Fairy Tail à la Japan Expo 2016

Voici une interview d’Hiro Mashima alors qu’il est en ce moment en France pour la Japan Expo ! L’auteur de « Fairy Tail » est l’invité d’honneur de la Japan Expo 2016 à l’occasion du dixième anniversaire de sa série. En 2010, Hiro Mashima découvrait la Japan Expo lors de sa première visite en France, il est de retour en France et fait le bilan de ses dix années de travail sur Fairy Tail. Interview d'Hiro Mashima l'auteur de Fairy Tail à la Japan Expo 2016

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Hiro Mashima

FAIRY TAIL © Hiro MASHIMA / Kodansha Ltd. Photo courtesy of Kodansha Ltd.

Votre précédente visite à Japan Expo remonte à 2010. Qu’est-ce qui a le plus changé en six ans ?

La première fois que je suis venu en France, Fairy Tail n’avait pas une telle popularité. Je suis très surpris de voir que c’est devenu une série que tout le monde connaît. Je retiens surtout de cette expérience les séances de dédicace qu’on avait faites dans des petites librairies qui, d’après ce qu’on m’a dit, ont malheureusement disparu.

Selon vous, la plus grande qualité d’un mangaka est son imagination : où puisez-vous la vôtre ?

Dans la vie de tous les jours, le fait de discuter avec des amis… tout ce qui vient du quotidien, même si ça n’a pas trop de rapport avec mes œuvres. Le fait de me frotter à d’autres médias, comme les jeux vidéo ou les films, me sert aussi d’inspiration.

Qu’est-ce qui vous plaît particulièrement dans les jeux vidéo japonais ?

Ce qui m’intéresse, dans les jeux de rôle d’heroic fantasy, c’est la manière dont l’univers est construit. Je ne cherche pas à reproduire ce que j’ai vu directement dans le jeu mais plutôt à me dire : « Ah, ça, c’est une idée qui me plaît, une construction intéressante du monde ». On peut parler d’influence réfléchie.

Comment concevez-vous l’apparence de vos personnages ?

En général, c’est très rare que je réfléchisse à un personnage par rapport à son physique. Je pense d’abord au type de personnage : le physique vient ensuite se greffer dessus. Par exemple, pour me héros, Natsu, j’avais l’idée d’un personnage très vif, dynamique, et je me suis dit que le fait de lui mettre une écharpe donnerait de l’ampleur à sa personnalité et à ses mouvements.

Travaillez-vous de la même façon pour l’apparence des créatures fantastiques comme Happy et Plue ?

L’idée était de donner un peu de légèreté et un surplus de choses mignonnes au manga. J’aime bien les chats mais je ne vis pas dans un environnement qui me permet d’en avoir un chez moi, donc Happy est une manière de compenser (rires).

Dans les derniers volumes de « Fairy Tail », l’intrigue connaît une ellipse d’un an. Ce saut dans le temps était-il prévu de longue date ?

Oui, et il tient à deux choses : je voulais créer un effet de surprise pour mes lecteurs et en même temps leur présenter des personnages qui avaient évolué et grandi. C’est important d’apporter au public une nouvelle façon d’apprécier leur manga.

D’un point de vue scénaristique, cette ellipse était-elle difficile à réaliser ?

Non, ce n’était pas très compliqué car j’y réfléchissais depuis un moment. Le plus facile, techniquement, c’est de dessiner des personnages qui ont évolué.

Crédit photo: Mathieu Remondy/ © HIRO MASHIMA

La rédemption des méchants et l’importance de l’amitié sont deux thèmes récurrents dans « Fairy Tail », comme dans de nombreux shonens [mangas pour adolescents]. Cherchez-vous consciemment à créer des œuvres « morales » ?

Je pense que le fait de mettre en scène des sentiments comme l’amitié, la rédemption, et des choses de ce genre, est récurrent dans le shonen [manga pour adolescents] depuis très longtemps, et dont on peut difficilement se passer. Il n’y a pas d’obligation d’inclure ce type situations pour autant mais c’est ce que les lecteurs et les fans attendent.

Vous avez reconnu vous être inspiré de Notre-Dame de Paris pour créer la cathédrale de la ville de Magnolia dans Fairy Tail. Allez-vous profiter de votre passage à Paris pour faire un repérage de décors ?

A vrai dire, je suis arrivé hier et j’ai beaucoup travaillé donc je n’ai pas eu le temps de me promener (rires). C’est mon intention mais je n’en ai pas encore eu l’occasion ! Parfois, les choses que je réutilise dans mon manga me sont inspirées par des choses insignifiantes : l’hôtel dans lequel je me trouve, l’endroit dans lequel on me fait travailler… Paris est une ville qui m’inspire beaucoup et qui continuera de le faire.

Vous avez participé à plusieurs festivals en France mais aussi aux Etats-Unis, et vous êtes assez actif sur Twitter, alors que la plupart des mangakas sont plutôt discrets. Est-ce important pour vous d’être en contact avec votre public ?

Ce rapport aux lecteurs est quelque chose que j’aime beaucoup. Je pense que la présence d’un auteur dans un festival permet d’apporter sa pierre à l’édifice, à la construction de la popularité du manga, même si sur Twitter ce n’est pas forcément visible de tous.

Vos méthodes de travail quotidiennes ont-elles évolué pendant ces dix années passées sur Fairy Tail ?

Oui, je pense qu’il y a eu beaucoup de changement. Le principal, c’est que j’ai désormais conscience des lecteurs étrangers et que ça a une influence directe sur mon travail.

Sur le scénario ?

Plutôt sur l’aspect humoristique, puisque j’évite consciemment d’utiliser des blagues typiquement japonaises ou qui passeront difficilement à l’étranger. Désormais, quand je glisse de l’humour, je pense à un humour plus général, plus universel.

En plus de 50 tomes, quel passage de « Fairy Tail » vous a donné le plus de fierté ?

Je dirais que c’est le grand tournoi de magie, quand Erza arrive à vaincre cent monstres à elle toute seule. C’est un passage qui a eu beaucoup de succès et qui m’a donné beaucoup de plaisir à l’écriture comme au dessin.

A l’inverse, quel moment a été le plus difficile à réaliser ?

C’est encore un passage qui concerne Erza, dans la première partie du manga, quand elle est prisonnière de la tour du Paradis et que Natsu va la sauver d’une mort certaine. J’ai beaucoup réfléchi pour savoir comment transmettre l’émotion que je voulais sur ce passage-là. J’ai eu beaucoup de mal.

Comment expliquez-vous le succès mondial de « Fairy Tail » ?

C’est une question difficile ! Mes éditeurs réfléchissent justement sur ce sujet pour savoir quelle est la clé du succès, mais aucune réponse claire ne ressort de ces réflexions-là. Ce serait très utile pour mon prochain manga d’arriver à savoir pourquoi (rires).

Les personnages les plus populaires de la série varient-ils selon les pays ?

Je ne suis pas très connaisseur sur le sujet mais, de ce que j’ai vu lors des séances de dédicace en France, les deux personnages les plus populaires sont Erza et Natsu. Au Japon, ce serait plutôt Lucy et Natsu, et aux Etats-Unis, c’est Luxus. Peut-être qu’ils aiment les gars bien baraqués ! (rires)

L’actualité réelle vous inspire-t-elle parfois ?

C’est assez rare. Mon intention, quand je dessine Fairy Tail, est de faire un manga avec des batailles, où les personnages peuvent être blessés, mais dans lequel on reste dans un univers fantaisiste qui fait rêver. Je ne suis pas trop du genre à réutiliser des problèmes de la vie réelle et à les mettre dans ma fiction.

« Fairy Tail » est votre série la plus longue : vous vous voyez continuer encore longtemps ?

La série en est à son point culminant donc je ne pense pas continuer encore dix ans. Mais je ne sais pas encore quand s’achèvera Fairy Tail, il y a encore plein de choses que j’aimerais faire et transmettre aux fans.

Interview réalisée par Alexis Orsini, Journaliste au Monde


Le manga Fairy Tail d’Hiro Mashima est en cours dans le Weekly Shônen Magazine, le tome 56 de Fairy Tail sort le 15 juillet 2016 au Japon. La partie II de l’anime est disponible en simulcast sur ADN et sur J-One. L’anime Fairy Tail 2014 s’est arrêté le 26 mars 2016 avec l’épisode 102 – Un Message de Feu (277 avec les deux séries).

En France le manga est édité chez Pika Édition et l’anime est disponible sur J-One et Anime Digital Network (ADN).

Fairy Tail © Hiro Mashima/Kōdansha, Tv Tokyo, A-1 Pictures

Source: Le Monde: http://www.lemonde.fr/pixels/reactions/2016/07/08/hiro-mashima-les-lecteurs-etrangers-ont-une-influence-directe-sur-fairy-tail_4966436_4408996.html | Thanks: The Black Company